Le 17 janvier 1342, au château royal de Pontoise, naissait le quatrième fils du futur roi Jean II le Bon. Personne ne savait alors que ce nouveau-né, surnommé Philippe sans-terre, deviendrait l’un des personnages les plus puissants du royaume.

Une jeunesse hardie dans une période troublée

Philippe naît en pleine guerre de Cent Ans. Ces troubles ont pour origine les revendications d’Edouard III, roi d’Angleterre, sur le trône de France. En effet, Edouard III est un descendant direct du roi capétien Philippe IV le Bel par sa mère Isabelle de France, alors que le roi de France Philippe VI, un Valois, n’est issu que de la branche cadette. Edouard III conteste donc la légitimité de son royal cousin, couronné en 1328. Au début du conflit en 1337, Pontoise est encore relativement épargnée par la guerre, les premiers combats se déroulant dans le nord de la France. Le château de Pontoise, avec son enceinte fortifiée et les remparts qui entourent la ville, est un lieu sécurisé pour la famille royale. Celle-ci ne reste cependant pas à Pontoise car la guerre avance rapidement. En 1346, Edouard III et son armée arrivent dans le Vexin et pillent toutes les récoltes et les villages qu’ils traversent. Si Pontoise tient bon derrière ses remparts, la région elle, est dévastée.

Philippe vit donc son enfance sous la guerre. Sa jeunesse est également marquée par la grande peste noire qui touche l’Europe de 1347 à 1351. Cette épidémie sera, jusqu’à la grippe espagnole de 1918, l’épidémie la plus meurtrière d’Europe. Personne n’est épargné, un Pontoisien sur huit décède, et Philippe perd coup sur coup, sa mère et sa grand-mère en 1349.

En 1350, Jean II le Bon est couronné. La guerre avec le voisin anglais fait toujours rage, et une grande bataille se prépare à Poitiers en 1356. Si le roi a pris soin de mettre ses deux fils aînés à l’abri, il emmène avec lui le plus jeune, Philippe, âgé seulement de 14 ans. Celui-ci fait preuve d’une bravoure inégalée, en aidant son royal père en plein corps à corps. Sa vaillance lui vaut le nouveau surnom de Hardi, mais comme son père, il est fait prisonnier. Il restera quatre ans en captivité.

Une ascension hors du commun

Sa bravoure à ses côtés et son soutien pendant les années de captivité vont faire de Philippe le Hardi, le fils préférédu roi. En 1363, Jean II offre à son benjamin des terres prestigieuses : le duché de Bourgogne. Il devient alors Philippe II de Bourgogne.

En 1369, Philippe réalise la plus belle union d’Europe en épousant Marguerite II de Flandre. Dans sa dot, la jeune mariée apporte la Flandre, les comtés d’Artois, de Nevers, de Rethel ainsi que la Franche-Comté. Le ‘’sansterre’’ devient en quelques années le plus puissant propriétaire terrien du royaume. Il effectue alors des commandes artistiques fastueuses, avec notamment la création du palais des ducs de Bourgogne et de la chartreuse de Champmol dans sa capitale Dijon. Sa vie s’achève dans une période plus troublée. Une nouvelle épidémie de peste touche le pays entre 1400 et 1405 et anéantit de nombreuses cités dont Pontoise.

Philippe II le Hardi décède dans ses terres de Belgique en 1404. Pontoise restera toujours fidèle à celui qu’elle a vu naître. Elle prendra le parti des Bourguignons alliés au roi de France en 1410, quand ceux-ci s’opposent aux Armagnacs, soutiens du roi d’Angleterre, lors d’une nouvelle phase de la guerre de Cent Ans.

Infos pratiques

> Il ne faut pas confondre Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne avec son aïeul Philippe III le Hardi, roi de France de 1270 à 1285.

> Philippe II le Hardi a été inhumé dans un somptueux tombeau, aujourd’hui visible au Palais des ducs de Bourgogne à Dijon, cité membre, tout comme Pontoise, du réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire.