Son nom est longtemps resté dans les oubliettes de l’Histoire. Pourtant, le Pontoisien Louis Hayet (1864-1940) a été un peintre avant-gardiste digne des plus grands.

Ami de Camille et Lucien Pissarro, ce fils d'artisan a été à la pointe du néo-impressionnisme entre 1877 et 1891. Théoricien novateur de la couleur, il a laissé de nombreux chefs-d’œuvre, à découvrir au musée Pissarro.

La rencontre avec Pissarro

“Il y a toujours dans notre enfance, un moment où la porte s’ouvre et laisse entrer l’avenir”, écrivait Graham Greene. Louis Hayet a connu cet instant de grâce en 1878, à l’âge de 14 ans.

Ce Pontoisien, né Grande Rue (l’actuelle rue Alexandre-Prachay), apprend à dessiner et à peindre, en découvrant par hasard le “Traité d'aquarelle” d’Armand Cassagne, qui présente les principes élémentaires de l’art. Ce sera la planche de salut de ce fils d’artisans ruinés, qui n’avait jusque-là connu que misère et désespoir.

Autodidacte, avide de culture, l’artiste en herbe devient vite un chercheur passionné des couleurs, qu’il maîtrise très tôt grâce à la lecture de la théorie du contraste simultané du physicien Eugène Chevreul (*).

Dès 1883, il parcourt et peint la campagne vexinoise, les sentes de l’Hermitage et les bords de l’Oise. Sa rencontre avec Camille Pissarro et son fils Lucien, lors d’une séance de travail, est déterminante.

En 1886, les deux artistes l’inviteront dans l’atelier de Georges Seurat pour découvrir en avant-première “Un après-midi à l’île de la Grande-Jatte”, la peinture qui deviendra le manifeste du néo-impressionnisme.

L’aventure néo-impressionniste

Tout en gardant son autonomie, Louis Hayet contribuera à l’aventure de ce courant pictural d’avant-garde créé par Georges Seurat, perçu comme une radicalisation et un développement scientiique de l’Impressionnisme.

Grâce à une conception originale de la théorie des couleurs, Louis Hayet proposera une interprétation du néo-impressionnisme qui inluencera Van Gogh. Une vibration lumineuse d’une extrême justesse donne à ses paysages, ses scènes de rue ou ses portraits, un sens du mouvement unique.

Ses excellentes peintures à l’huile sur carton, ses dessins aux hachures entrecroisées, ses pastels et ses aquarelles lui permettent de briller au Salon des Indépendants de 1889 et d’être l’un des rares Français (aux côté de Cézanne, Van Gogh, Renoir et Pissarro) à exposer au salon des “XX” à Bruxelles en 1890.

Les grands critiques d’art de l’époque, Félix Fénéon et Gustave Kahn, l’encensent. Ses dessins sont publiés dans le journal "La vie moderne". Mais sa personnalité ombrageuse, timide et orgueilleuse, son goût forcené pour la solitude et une méfiance excessive à l’égard des grandes manifestations, le condamneront à l’oubli.

L’échec de ses six expositions personnelles entre 1902 et 1904 le laisse ruiné et sonne le glas de sa vie d’artiste.

Dès lors jusqu’à sa mort à Cormeilles-en-Parisis en 1940, il ne peint plus ou peu et subsiste en tant que décorateur de théâtre.