Bien que retranché du monde par vocation et par nature, le Carmel de Pontoise fait pour autant partie intégrante de la vie de la cité. Plus ancien Carmel de France encore en activité, il a même donné ses lettres de noblesse à Pontoise au XVIIème siècle.

En 1605, la ville est la seconde, après Paris, à accueillir les représentantes de cet ordre religieux catholique, surtout réputé pour son enseignement sur la prière. Son rayonnement s’intensifie, quelques années après son installation définitive rue Pierre-Butin.

En décembre 1616, Sœur Marie de l’Incarnation s’y réfugie. Fortement impressionnée par la lecture des œuvres de Thérèse d’Avila, elle avait introduit l’Ordre du Carmel en France et sera béatifiée en 1791 par le pape Pie VI.

Dès lors, le Carmel de Pontoise exerce une forte influence sur la Réforme catholique.

De 1621 à 1664, Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, Régente, et mère de Louis XIV, y effectue plusieurs visites majeures. La plus importante a lieu le 12 août 1645.

À cette occasion, elle offre à la prieure du lieu, Jeanne de Jésus, un fameux reliquaire en souvenir de son pèlerinage au tombeau de Mère Marie de l’Incarnation.

Une disparition mystérieuse

Ce reliquaire a fait la fierté du Carmel de Pontoise jusqu’à sa disparition sous la Révolution.

Dans quelles circonstances et par qui l’objet a-t-il quitté le Carmel ? La Congrégation l’a-t-elle donné en remerciement ? A-t-il été caché afin d’être protégé puis perdu ?

Autant de questions qui restent encore sans réponse.

Réapparition dans l’Orne

Néanmoins, en décembre dernier, la providence a voulu que Benoît Davrinche, un Pontoisien connaisseur passionné d’art, découvre que ce fameux reliquaire du XVIIème siècle était mis aux enchères à Alençon.

Très attaché à la tradition historique de Pontoise, il a alerté aussitôt l’ordre religieux et les autorités compétentes de la Ville. Estimé sur le catalogue entre 1000 et 1200 €, le reliquaire sera finalement vendu, par adjudication, aux Archives Départementales de l’Orne à 14 000  € hors frais !

La mobilisation de la mairie, du commissaire priseur (Maître Martinot) et d’un groupe de bonnes volontés, n’auront donc malheureusement pas suffi...

Mais pour le bien commun, il est à espérer que ce joyau de l’art et du patrimoine pontoisien retrouvera un jour sa place initiale. Une exposition temporaire consacrée au reliquaire, en partenariat avec les Archives Départementales de l’Orne, pourrait être organisée à Pontoise.

Lors des Journées du Patrimoine notamment. L’occasion serait belle pour faire connaître au grand public en général, et aux enfants en particulier, l’histoire de cet objet rare et sa valeur dans la cité.

Nous remercions Christophe Aveline pour sa contribution à la rédaction de cet article.

Un joyau patrimonial

Selon la description de la salle des ventes d’Alençon, le reliquaire du Carmel de Pontoise (8,2 cm de hauteur, 9,3 cm de largeur et 6,2 cm de profondeur) est : « un coffret de laiton laqué noir et arrêtes soulignées de doubles torsades de fils de laiton doré.

Façades et couvercle orné de douze camés, principalement en pierres dures, de femmes antiques en buste. Pierres rouges taillées et fleurs émaillées. Cinq lentilles de cristal de roche découvrent des reliques de nombreux saints. Pieds boules en cristal ».

À cette beauté s’ajoute une richesse inestimable. Une place de choix au sein du patrimoine de l’art sacré de Pontoise.

Infos pratiques

Petit rappel : un reliquaire est un coffret destiné à abriter les ossements ou objets ayant appartenu à un Saint.