Les “signes de féodalité”

Outre les rues à connotation religieuse, le conseil général de la commune modifie les noms de rues rappelant les “signes de féodalité” : château, notables de l’Ancien Régime, mais aussi corporations de métiers interdites depuis la loi le Chapelier de 1791 (1).

Voici donc un tableau détaillé de ces changements voté le 15 thermidor an 2 (2 août 1794).

Ancienne dénomination Nouvelle dénomination
Rue de la Concorde Rue de la Picarderie
Rue de la Montagne Rue du Château
Place de la Montagne Place du Château
Rue Batellière Rue de l’Ormetif
Rue des Sans Culottes Rue du Paon
Rue de la Fontaine Rue du Bourg
Rue du 9 thermidor Rue de la Bretonnerie
Rue de Beauvais Rue de Richebourg
Rue des Grands Jardins Rue du Jardin Ollivet
Rue de la Vigilance Rue Mondétour

Rue Alexandre Prachay

L’actuelle rue Alexandre Prachay est une des plus anciennes artères principales de la ville.

Elle portait le nom de Grande rue dès le XIIème siècle. La portion qui va du numéro 29 actuel à la place de l’Hôtel e Ville s’est appelée rue de la Charée, puis rue de l’Unité en 1794. Elle reprend son nom de Grande rue en 1795.

Sur le nom de Charée, Edouard Bernier apporte deux hypothèses : il trouve trace qu’en 1672, la maison sise au numéro 23 avait pour propriétaire un nommé de la Corée. Il avance que le nom de Charée peut être une déformation de Corée.

D’autre part, on appelle Charrée (avec deux r) le résidu de la préparation de certains produits chimiques de la soude, dont on se sert comme engrais. Mais aucune trace de ce type de bâtiment n’a existé dans cette rue.

Le mystère demeure entier. Au lendemain de la Libération de Pontoise, le Comité Local de Libération, qui remplace le conseil municipal de chaque ville, souhaite rendre hommage à des Pontoisiens qui se sont illustrés dans leur combat contre l’occupant, ou victimes du Régime de Vichy.

Le 30 octobre 1944, la Grande rue devient donc rue Alexandre Prachay.

Alexandre Michel Prachay est né le 17 mai 1895 à Sali-sous-Couzan, dans le département de la Loire. Une anecdote récente, rapportée par le maire actuel de cette commune, veut qu’il soit né dans la même commune qu’Aimé Jacquet, l’entraîneur de l’équipe de France de football victorieuse de la Coupe du monde en 1998.

Fils d’un contremaître, Alexandre Prachay, après avoir obtenu les brevets élémentaire et supérieur, entre à l’école normale d’instituteurs de Lyon en 1911.

Il devient instituteur en 1915, passe sa licence de mathématiques, ce qui lui permet de devenir professeur aux collège d’Arbois (Jura) en 1926, de Beaune (Côte d’Or) en 1927, puis de Pontoise en 1930. Membre du Parti Communiste (section SFIC) depuis 1925, il exerce les fonctions de secrétaire de cellule dans son département de naissance, puis dans les villes où il enseigne.

Il entre à la commission exécutive du Syndicat unitaire de l’Enseignement en 1931, et au comité des professeurs unitaires de l’Académie de Paris en 1932.

Archives municipales de Pontoise, cotes 1D48, 1D49, 1O228,Per9, 1DHP38, Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, tome 39, pp 191-192

Infos pratiques

(1) La Loi Le Chapelier est un texte historique, qui supprime pour un siècle toute association professionnelle en France et le droit de grève (17 juin 1791). C’est Napoléon III qui autorise le droit de grève en 1864, la III ème République reconnaît l’existence et l’autorisation des syndicats en 1884 et le droit d’association en 1901.

Le saviez-vous ?

16 septembre 1422
Un imposant cortège funèbre traverse la ville : le corps du roi Henri V d’Angleterre, mort à Vincennes le 31 août, passe dans Pontoise, escorté de 100 hommes “portant des flambeaux allumés, ardans en chemins comme en esglises”.

On le conduit à Rouen pour être transporté à l’abbaye de Westminster, où il sera inhumé.