Les places du Petit et du Grand Martroy sont depuis toujours emblématiques du centre-ancien. À la fois lieux de vie et d’animation, ces places vont être requalifiées. Pontoise Infos replonge dans leur histoire.

Les places du Petit et du Grand Martroy n’ont pas toujours été deux places distinctes. En effet, avant le milieu du XVIème siècle, ces deux places n’en font qu’une. A l’époque, elle se nomme la “Grand’Place au bled” signifiant la grande place au blé.

Elle jouxte le cimetière de la cathédrale Saint-Maclou. En 1544, l’évêque de Rouen, Georges d’Ambroise, transfère cet ancien cimetière à l’emplacement de l’actuelle place Nicolas Flamel.

C’est alors que naissent les deux places et les maisons qui les séparent dont certaines datent du XVIIème siècle. De la place du Petit Martroy, on accède alors à la place du Grand Martroy par la rue des Balais.

Le nom "Martroy" a été donné à ces places au vu de l’important marché qui s’y tenait. En effet, ce terme vient du mot latin “mercatorium” signifiant marché.

Un marché de grande importance

Au Moyen-Âge, l’important marché aux grains se tient sur la place du Grand Martroy, lieu de rendez-vous des cultivateurs et des agriculteurs.

Ce marché est très important pour l’économie du Vexin, il est le lieu des cotations les plus lourdes de conséquences sur les prix des produits de premières nécessités. Meuniers, fariniers et autres commissaires en grains s’affrontent pour obtenir les meilleurs prix.

En dehors de la pleine saison des moissons, la partie basse de la place (aujourd’hui place du Petit Martroy) sert de prolongement au marché principal de Pontoise. Cet espace est en effet en continuité avec le marché de l’Hôtel de Ville depuis la rue de l’Hôtel de Ville par la petite rue de la Pierre-aux-Poissons.

Bouchers, charcutiers y côtoient chapeliers, merciers et divers artisans proposant des articles à usage domestique (verrerie, corderie, cordonnerie...).

Un marché aux fruits s’y tient en saison et s’agrandit progressivement avec la présence de marchands de légumes. Le marché au blé perdant au fil des années de son importance jusqu’à l’aube du XXème siècle, le marché aux légumes quitte la place du Petit Martroy pour celle du Grand Martroy.

Une physionomie inchangée

Au fil des siècles, les deux places n’ont connu pratiquement aucune transformation. Preuve en est les deux oeuvres “Le marché aux légumes” (1877) de Ludovic Piette (Musée Pissarro, Pontoise) et “La Charcutière” (1883) de Camille Pissarro (Tate Gallery de Londres).

Celles-ci montrent que la configuration des places et des façades des maisons n’a que très peu changé.  Seule la construction de la Banque de France, réalisée en deux temps après la Première Guerre mondiale, va modifier a partie nord de la place Grand Martroy, en faisant disparaître l’impasse aux Fèves.

Côté Petit Martroy, cette petite place triangulaire, située face à la façade de la Cathédrale Saint-Maclou, conserve les mêmes tracés qu’au XIXème siècle. A cette époque, se trouvent côte à côte sur cette place, l’Hôtel de Ville et la prison (entre la place du Petit Martroy et le Jardin de la Ville).

La maison communale, dont la façade de style “classique” existe encore et sert aujourd’hui d’entrée au Jardin de la Ville, fut en effet installée à cet endroit jusqu’en 1854.

La prison, prévue à l’origine pour une quarantaine d’hommes et une douzaine de femmes, est à son comble en 1880. Elle accueille uniquement des petits délinquants condamnés le plus souvent pour vagabondage, mendicité, rixes ou injures.

L’établissement est désaffecté en 1882 et transféré dans les locaux de la rue Victor-Hugo. Il ne reste aujourd’hui de ses hautes murailles qu’une porte murée au fond de l’Impasse de la Prison.

Les travaux de requalification entrepris par la municipalité en cette fin d’année permettront de redonner à ces lieux de vie le charme et l’attrait qu’elles méritent.

Sources et extraits de Villain Jean, Duvivier Christophe, Pontoise le temps retrouvé..., Edition Artena, 2007 ; Berneuil Edouard, Origine des noms des voies publiques de Pontoise et de Saint-Ouen l’Aumône, Pontoise, 1906 ; Pontoise 1870-1940 : Cartes postales anciennes, Musée Tavet-Delacour , 1999.