Pendant plus d’un siècle, à une époque où n’existaient ni les machines à laver ni l’eau courante, les bateaux-lavoirs et les bateaux de bains ont animé les bords des fleuves et des rivières.

À Pontoise, le cours de la Viosne voit fleurir sur ses berges des lavoirs individuels. Ceux de la rue des Étannets sont les plus connus.

Ces lavoirs individuels ne suffisant pas à satisfaire les besoins de la population, de grands bateaux-lavoirs s’installent sur la rive droite de l’Oise, entre le boulevard Jean-Jaurès et la jetée, quai du Pothuis.

À Pontoise, les premiers bateaux-lavoirs apparaissent dès 1838-1839.

On passe d’un seul bateau, “l’Aimable Marie”, à deux avec “le Marie-Antoinette” puis à trois avec “le Camille”, auxquels s’adjoignit vers 1868-1870 le bateau de bains froids “Janna Coeli”. C’est une longue file d’établissements qui est ainsi créée.

Les laveuses du bord de l’Oise

Auparavant, à l’exception des femmes aisées et de quelques établissements religieux qui disposaient de puits et de buanderies, les Pontoisiennes lavaient leur trousseau au bord de la rivière ou allaient puiser l’eau aux fontaines publiques.

En 1840, les deux tiers des habitants de la ville, plus particulièrement ceux des quartiers hauts de Pontoise, n’avaient aucun point d’eau à proximité.

Une anecdote cocasse illustre ainsi cette époque : un ordre fut donné aux laveuses d’utiliser, pour s’asseoir sur les bords de l’Oise, de petits bancs et non plus des pierres qui, abandonnées ensuite, occasionnaient des dégâts aux bateaux lors des crues.

La vie sur les bateaux-lavoirs

Les bateaux-lavoirs, construits en bois par des charpentiers spécialisés, comportaient un logement et une partie professionnelle.

Le plus souvent, les propriétaires ou les gérants vivaient à l’intérieur. Mais l’essentiel de la surface était occupé par la partie professionnelle.

Outre les bains, les bateaux comportaient une coulerie avec réservoirs, cuviers et chaudières, et une partie réservée au rinçage. On pouvait même s’y procurer les ingrédients nécessaires aux lessives.

Les femmes se mettaient ainsi à laver leur linge avec brosses et battoirs. Le rinçage s’effectuait au milieu des bateaux, dans une rigole où coulait l’eau de la rivière.

La fin d’une époque

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, certains étaient encore en pleine activité.

Détruits à la guerre, ils ne furent pas remplacés, puisque peu à peu, une invention devait gagner tous les foyers et bouleverser la vie des femmes : la machine à laver.

Source : Vivre en Val d’Oise n°95 Janv.-fev. 2006