Fils naturel de Napoléon Bonaparte, Charles-Léon, baptisé à sa majorité “Comte Léon”, ne pouvait avoir une destinée ordinaire. Si sa glorieuse ascendance aurait pu lui assurer de hautes fonctions et l’assurance d’une réussite acquise, il n’en fut rien.

Sa vie, parsemée de tapages, de duels et de procès, s’acheva dans la misère à Pontoise, où il passa les quinze dernières années de sa vie.

Fils naturel de Napoléon Bonaparte

“Qu’il ne prenne que la moitié de mon nom !”. C’est ce que proclame Napoléon Bonaparte lorsque le 31 décembre 1806 à Pulstuck, en campagne de Russie, il apprend  la naissance de son premier enfant.

Né 18 jours plus tôt à l’hôtel de la rue de la Victoire à Paris, Charles-Léon est un fils naturel. Malgré son amour pour son épouse Joséphine de Beauharnais, l’empereur s’est laissé séduire par Éléonore Denuelle de la Plaigne, dame de compagnie de sa sœur.

Cette liaison marque un  tournant dans  la vie du  souverain, qui, se croyant stérile, avait renoncé à l’espoir d’avoir des enfants. Le fils ressemble à son géniteur, qui en ressent une grande fierté. L’empereur songe même à l’adopter officiellement avant son exil à Sainte-Hélènec en 1815. En l’absence de son père et de sa mère (qui a refait sa vie en Bavière), Charles-Léon est conié à un tuteur et élevé dans l’ignorance de sa iliation jusqu’à ses quinze ans.

Dans son testament, Napoléon 1er lui accorde une rente pour son entrée dans la magistrature et 320 000 francs pour l’achat d’une terre. Mais le fils de l’empereur, plus porté au plaisir qu’au travail, n’occupera jamais de hautes fonctions.

Dandy jouisseur et rebelle

À sa majorité en 1826, il se fait baptiser “Comte Léon” et se vante de sa glorieuse ascendance. Mais le sobriquet "d’Aiglon des boulevards” colle aussi à la peau de ce dandy aux goûts de luxe, jouisseur et rebelle.

Charles-Léon brûle sa jeunesse et sa fortune dans les cafés et les tripots de la capitale. Le jeu, qui lui apparaît comme le seul moyen de subsister sans rien faire, devient son vice.

Un soir, il ne peut payer sa dette au capitaine Hesse, officier d’ordonnance du duc de Wellington. Injurié, le Comte Léon le provoque en duel dans le bois de Vincennes et le tue d’une balle en plein cœur.
À sa façon, le fils de Napoléon a vengé l’affront de Waterloo !  Il n’échappe à la prison que grâce à son ascendance. Cette fois-là !

Il retrouve par la suite plusieurs membres de la famille impériale et soutire de l’argent à Louis-Philippe puis Napoléon III. Mais l’écroulement de l’Empire en 1870 lui porte un coup fatal.

Ses pensions et ses rentes se volatilisent avec le régime. Il se sauve en Angleterre pour échapper aux Communards avant de se réfugier à Pontoise au 4, rue de Beaujour (l’actuelle rue Jean-Paul Soutumier).

Le Comte Léon passe les quinze dernières années de sa vie, ruiné, à l’ombre de la porte cochère d’un ancien relais de poste, avec sa femme et ses six enfants.

Il meurt le 14 avril 1881 et est enterré dans la fosse commune du cimetière de Pontoise.

Infos pratiques

Le biographe Jacques Vebret a publié un ouvrage (“Comte Léon, bâtard infernal de Napoléon", éditions du Moment, mai 2012) sur ce personnage haut en couleurs, bien moins connu qu’Alexandre Walewski, autre ils naturel de Napoléon Bonaparte.

Dans une interview, l’auteur explique :
“Rien n’arrête Charles-Léon. C’est ce qui le rend à la fois sympathique et insupportable”.

Le “Comte Léon” s’est, en effet, présenté aux élections présidentielles de 1848 contre son cousin et a été jusqu’à faire un procès à sa mère pour s’approprier sa pension !