Érudit renommé, ancien trésorier de la Société Historique, auteur de nombreux ouvrages sur la Région du Vexin et premier conservateur de la bibliothèque municipale, Adrien Gagneur (1877-1962) passa à la postérité en léguant la quasi-totalité de sa fortune à la Ville.

L’ultime volonté d’un grand homme, généreux et passionné d’histoire.

Érudit et bibliothécaire apprécié

“C’était un homme d’autrefois. Sa longue silhouette un peu voûtée, sa démarche rapide et son intérêt constant qu’il avait de l’actualité ne manquaient pas de surprendre…”.

L’écrivain André Mathieu rendait ainsi hommage à son ami Adrien Gagneur, l’un des plus grands bienfaiteurs de l’histoire de Pontoise. Le Dijonnais arrive en ville en 1900 à l’âge de 23 ans ; son père est appelé à y occuper les fonctions de contrôleur des contributions.

Son diplôme en droit lui permet de travailler comme clerc de notaire. Mais son amour pour les belles lettres et les objets de valeur l’oriente rapidement vers une voie plus littéraire. Son admission à la Société Historique est un tournant dans sa vie, car elle lui donne la chance de devenir un érudit local, reconnu et apprécié.

Durant plus de 20 ans, il consacre de nouveaux ouvrages et mémoires à l’étude de la région du Vexin. L’histoire, la géographie, l’archéologie et les critiques d’art des environs n’ont bientôt plus de secrets pour lui. Les immenses connaissances d'Adrien Gagneur sont une "bénédiction" pour l’ultime projet d’Alexis-Ernest-Désiré Mallet, maire de Pontoise qui à sa mort en 1929, lègue toute sa fortune à la ville en vue de construire une bibliothèque municipale et des locaux d’archives.

Dans son testament, il désigne Adrien Gagneur pour veiller à l’exécution des travaux. Adrien Gagneur sera ainsi le premier conservateur de la bibliothèque de Pontoise de 1932 à 1960. La Ville lui doit le classement des archives anciennes et modernes, la réalisation du fonds patrimonial et par la suite une généreuse donation.

Legs et reconnaissance

Le brillant bibliothécaire décide de léguer par testament la quasi-totalité de sa fortune à la Ville. Après sa mort le 22 juin 1962, ses meubles, tableaux, porcelaines, objets d’art et  livres quittent sa demeure du 102, rue Pierre Butin pour l’Hôtel de Ville. Une partie de ces objets sera par la suite cédée aux Musées de France.

La donation réunit notamment des meubles de valeur datant du XVIIIème siècle. Les commodes de style Louis XVI, symboles d’une réinterprétation de l’art antique, brillent par leur bois massif, leurs lignes épurées, leurs cannelures et leurs motifs ornementaux. Exprimant l’intimité, le confort et la légèreté, les chaises de style Louis XV sont, quant à elles, le fruit d’une innovation technique.

La maîtrise des assemblages et de la résistance du bois permet de supprimer les lourdes entretoises, d’alléger les carcasses et d’oser les pieds galbés (une forme courbe qui rappelle les pattes d’une biche). Ces objets avaient séduit Adrien Gagneur autant pour leur beauté que pour leur intérêt historique.