L’année 2008 marque le 90ème anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918 et le décès du dernier survivant des combattants français de la Première Guerre mondiale, Lazare Ponticelli. A ce titre, les Archives municipales de Pontoise ne pouvaient que s’associer aux multiples manifestations prévues pour ces commémorations.

Des documents riches d’histoire

Lors de cette guerre, 319 Pontoisiens sont morts sur les champs de bataille de la Marne, l’Argonne, Verdun, la Champagne, soit près de 16% de la population masculine de la commune, âgé de 18 à 55 ans.

Afin de mieux connaître cette période, des Pontoisiens ont confié aux Archives municipales de Pontoise des objets ou documents témoignages de cette époque particulière : le carnet de route de Maurice Merdrignac, Pontoisien d’adoption en fait partie.

Ce manuscrit de 50 pages, richement illustré par sa soeur, raconte au jour le jour la vie d’un soldat sur le front occidental puis oriental.

Une vie

Maurice Georges Merdrignac naît à Paris le 12 juin 1895. Engagé volontaire dès août 1914, il est intégré au 71ème régiment d’infanterie. Il participe à toutes les campagnes de France, Marne, Argonne, Verdun.

En décembre 1917, il part sur le front d’Orient où il termine la guerre en Turquie. Il est démobilisé en 1919 et libéré le 10 septembre. Il meurt à Pontoise le 19 novembre 1984.

Un récit

Ce document est particulièrement intéressant, parce qu’il montre l’évolution de l’état d’esprit d’un soldat vis-à-vis de la guerre. Le jeune Maurice, engagé volontaire en 1914, veut en découdre avec les “Boches”.

Il raconte, dans un style très simple, mais percutant, son quotidien : les mouvements de troupes, les assauts, les marches, les contremarches, la mort qu’il côtoie à chaque instant, et ses chances de survie.

Dès 1915, son état d’esprit commence à évoluer : la guerre devient plus dure et plus atroce encore (il parle des gaz asphyxiants), de la fatigue, et des morts de plus en plus nombreux autour de lui. Les attaques sont de plus en plus meurtrières, son régiment subit de lourdes pertes et est très souvent exposé en première ligne.

La bataille de Verdun marque enfin un tournant. Le vocabulaire change complètement : le mot “Boche” disparaît ; “l’Allemand vit en fait les mêmes choses que le Français d’en face”. Un soir, la guerre s’arrête même d’un commun accord.

Sa compagnie refuse de monter au front un jour, sous prétexte qu’elle n’a pas été relevée : cela lui vaudra une journée de plus de tranchée comme punition.

Lors de l’offensive de la Somme en 1917, il reconnaît avoir la chance d’être muté dans l’artillerie cinq mois, affecté à la conduite d’un camion.

Il échappera aux grandes “boucheries” de 1917. Il repart au front jusqu’en décembre, d’où il est muté en Orient. Il participe à la campagne contre la Bulgarie et l’Empire Ottoman dans un régiment d’infanterie coloniale, essentiellement composé de Sénégalais.

Pris de fièvres, il est hospitalisé en janvier 1919. Il est ensuite affecté à la garde de prisonniers bulgares et allemands, pour être enfin rapatrié en France le 15 juin et libéré le 10 septembre 1919.