À l’instar de Philippe II de Bourgogne, Guillaume du Val ou Nicolas Flamel, Pierre François-Léonard Fontaine fait partie de ces Pontoisiens à la destinée exceptionnelle.

Lorsqu’il naît, en 1762 à l’Hôtellerie du Bras d’Or, une grande bâtisse située à l’actuel n° 36 de la place Notre-Dame, le doute n’est pas permis : le nourrisson suivra les traces de ses aïeux et aînés de la famille, tous prénommés Pierre comme  lui : il sera architecte !

Après ses études au collège de Pontoise, sa destinée se concrétise.

Ami de Bonaparte et de Percier

À 16 ans, le jeune Pierre seconde déjà son père sur des travaux d’adduction d’eau au château de L’Isle-Adam. Son goût pour le dessin, la réalisation de plans et la création, le guide vers l’architecture, à laquelle il voue une passion débordante et parfois irréfléchie !

En 1779, il manque ainsi de mourir au cours d’un périple à pied et sans argent jusqu’à Paris pour assister à l’exposition du Concours du Prix de Rome, le "must" alors de la discipline. Quelques mois plus tard, les cours que lui prodigue Peyre le Jeune et sa rencontre avec Charles Percier, qui deviendra son plus fidèle ami et partenaire de travail, lui ouvrent la voie vers le succès.

Dès 1787, le talent de l’architecte pontoisien "éclate" à l’Académie de France à Rome. À son retour à Paris, il est nommé directeur des théâtres de l’Opéra. De génie de l’ombre, il passe rapidement au statut d’homme à la mode, à la forte clientèle.

En 1799, son destin s’emballe encore. Sa remarquable restauration de l’Hôtel de M. Chauvelin fait l’admiration de Joséphine de Beauharnais, l’épouse du Général Bonaparte, alors premier consul. La future impératrice lui confie alors l’aménagement du château de Malmaison et le présente à son mari. Cette rencontre avec Bonaparte fait la fortune de Fontaine.

Il suggère en effet au puissant stratège de rendre hommage à son armée en plaçant aux Invalides les trophées de drapeaux pris à l’ennemi. Cette idée originale immédiatement adoptée par le Général lui vaudra de diriger ensuite tous les travaux d’importance du Premier Empire.

Le chef-d’œuvre du Carrousel

Outre la restauration des palais, la conception de la Bibliothèque, de l’Opéra, du Temple de la Gloire et du grand escalier du musée du Louvre font partie de ses hauts faits.

Le talentueux Pontoisien réalise son plus grand chef-d’œuvre en 1806 : l’Arc de Triomphe du Carrousel, situé entre le Louvre et les Tuileries. Ce monument à la gloire de la Grande Armée, couronné par un char conduit par la Victoire, illustre à merveille le ‘’style Empire’’, dont il est  l’un des inventeurs.

La rigueur harmonieuse des lignes droites, les jeux subtils des marbres blancs et roses, de la pierre grise, des bronzes fauves ou dorés dans un cadre magistral en font un des sites remarquables de Paris.

Par la suite, le plus grand mérite de Pierre Fontaine sera de rester l’architecte le plus en vue de Louis XVIII à Napoléon III, malgré les changements de régimes successifs.

Infos pratiques

Jusqu’à sa mort en 1853, ce commandeur de la Légion d’honneur a gardé un lien étroit avec Pontoise.

La Ville lui doit le projet de reconstruction de l’Hôtel-Dieu dont l’exécution fut dirigée par son élève Vallet, de 1823 à 1827.

En hommage, le quai de l’Oise sur lequel s’élevait cet ancien édifice fut un temps nommé Quai Fontaine.

Aujourd’hui, une rue du quartier des Cordeliers porte toujours son nom.