Septembre 1914 : Pontoise souffre depuis un mois. Certes, la Première Guerre Mondiale ne ravagera pas la ville comme ce fut le cas en 1870 mais l’angoisse d’une nouvelle invasion allemande est permanente.

La population connaîtra encore quatre ans de privations, de restrictions et de douleurs avant la délivrance et la victoire.

Le temps des restrictions

Lorsque les combats s’éloignent de pontoise en septembre 1914, la ville connaît un légitime soulagement. Mais pour autant pas d’effusions de joie dans les rues ou à la terrasse des cafés.

La grande guerre est encore là. Pour tenter de faire plier l’ennemi, l’état soutient l’armée et la Marine comme jamais et impose de larges restrictions aux populations restées à l’arrière du Front. Outre les animaux (chevaux, chiens…), les denrées de la ville sont réquisitionnées  : le blé pour les soldats, l’avoine pour les chevaux, le bois de noyer pour la fabrication des fusils.

Les pontoisiens ressentent durement ces privations, surtout lors des très rudes hivers 1914 et 1916. Un ticket beige et ocre leur offre à peine 300g de pain par jour et par personne, au terme d’interminables heures d’attente devant les rares commerces restés ouverts. Une carte d’alimentation violette leur donne accès à quelques produits de première nécessité.
Et dans les restaurants, les pontoisiens n’ont droit qu’à deux plats mais à aucun entremet en raison de la réduction de la consommation de sucre, de lait et de farine. Le soir à 22h, le couvre-feu est imposé pour économiser charbon et gaz au proit des usines de guerre.

Une solidarité renforcée

Pourtant, dans ces temps de tourmente, l’humanité et la solidarité des pontoisiens n’ont jamais été aussi fortes. L’hôpital, installé au collège chabanne puis à la caserne bossut à partir d’octobre 1916, accueillera près de 1 000 soldats blessés ou malades. La population ne perd pas une occasion de les soutenir, en organisant pour eux de petits spectacles.

À deux reprises, la grande artiste de l’Opéra-comique, Lucia Muller, leur offre même un récital. Les habitants hébergent également plus de 600 réfugiés français et belges qui ont fui les zones de combat. Les femmes et les retraités prennent le relais des instituteurs mobilisés sur le Front, pour faire l’école aux enfants.

Des bals populaires et des pièces de théâtre sont organisés pour collecter des fonds en faveur des familles de Pontoisiens prisonniers en allemagne et de poilus décédés. La population prouve qu’elle sait s’unir dans l’adversité ! Elle connaîtra finalement la délivrance le 11 novembre 1918.

Des convois de camionnettes américaines, symboles de la victoire, traversent la ville en offrant cigarettes et biscuits aux Pontoisiens. à midi, les cloches des églises annoncent l’armistice. Toutes les maisons s’ornent alors de drapeaux tricolores et les rires, les embrassades et les chants envahissent enfin les rues.