Gestion durable de la ville : un pas en avant, deux pas en arrière

On s’y était enfin mis à Pontoise! À la rentrée 2019 les familles avaient le droit de choisir un menu végétarien à la cantine scolaire. Il avait été garanti qu’il s’agirait d’un vrai menu végétarien, à recettes spécifiques pour respecter les équilibres nutritionnels et non pas du simple retrait des chairs animales. L’option pouvait être changée à chaque période scolaire, ce qui permettait l’essai.

La minorité s’était félicitée de cette évolution qui avait été l’objet de plusieurs tribunes municipales pendant le mandat. Félicitant les parents d’élèves qui avaient su obtenir cette amélioration qualitative, elle avait salué ces petits pas de la Ville vers la protection du climat: en effet le 5ème rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), souligne le gros impact écologique de l’élevage. L’autre pas, consiste en la réduction du gaspillage alimentaire puisque la viande  fait toujours partie des aliments les plus jetés dans les cantines.

 

Hélas ! La Ville revient dès 2021 sur cette proposition de menu végétarien quotidien, se limitant au repas végétarien hebdomadaire obligatoire. Elle remplace l’alternative lacto-ovo-végétarienne quotidienne par un repas sans viande avec poisson ou œuf. Un pas en avant, deux pas en arrière…

 

Dire que «les parents l’ont demandé», c’est encourager la croyance selon laquelle il faut des protéines animales à chaque repas. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES) souligne que «les bons mangeurs de la cantine consomment deux fois plus de viande et de produits laitiers que ne le recommande l’OMS, ce qui pénalise leur santé. Mais trop peu de  parents s’en inquiètent». Manifestement la ville de Pontoise ne s’en inquiète pas non plus.

 

Dire que «les parents l’ont demandé», c’est souligner que ces repas n’ont pas été pensés différemment, mais juste «sans». Et pourtant, l’Association végétarienne de France propose des formations aux Villes pour que les protéines animales ne soient pas remplacées par des protéines végétales ultra-transformées.

Dire que «les parents l’ont demandé», c’est ne pas prendre en compte la pression environnementale de la consommation alimentaire de la ville: la pression sur l’élevage sera remplacée par celle exercée sur le milieu marin!  Gageons de plus que ce poisson sera très souvent jeté…

 

Dire que «les parents l’ont demandé», c’est omettre qu’un repas végétarien quotidien proposé pour tous, quelle que soit la coutume alimentaire familiale, peut favoriser la convivialité de ce moment de cantine.

Dire que «les parents l’ont demandé», c’est pour la Ville ne pas exercer son rôle de défense d’une option favorable à la santé, à la diminution de la pression sur l’environnement et à la réduction des déchets.

Toute commune produit des gaz à effet de serre à l’origine du changement de climat par les consommations de ses équipements, l'éclairage et l'entretien des espaces publics... Mais  elle le fait aussi par le choix des menus de ses cantines scolaires.

Un avenir soutenable exige que les habitudes de consommation alimentaire de tous changent. Son devoir de Ville est d’accélérer le processus car le changement passe par les enfants.

Agir localement, en cohérence avec la lutte contre la crise climatique et environnementale est une urgence !

Sandra Nguyen-Dérosier, Matthieu Drevelle, Bénédicte Ariès, Gérard Bommenel

Groupe Pontoise Ecologique et Solidaire